Accueil tAlussinations ÇA S'EST PASSÉ À CLAVIÈRES,
LE 13 NOVEMBRE 2004.


TALUS n° 19-20 - décembre 2004
ÇA S'EST PASSÉ À CLAVIÈRES,
LE 13 NOVEMBRE 2004.

Anizette Absinthe

Non, Alain Mignien ne se retire pas dans sa thébaïde auradorienne pour rêver sa vie, il l’y façonne sur un autre mode. En secret, il a tAlussiniquement conjugué le non-dit pour le dire et le « performer ». Conjointement, il a exhorté par ses paroles la complicité de chacun. Sous l’auvent, on surprend Tristan Bastit travaillant sur une toile posée à même le sol. On entend les grognements de Guénolé Azerthiope qui se démène, pour illuminer les Saintes en Biroute. Face à l’âtre, Annie Romillat décrypte le Psaume des Glands, paroles et musique de Didier Foulc.
 
Le public prend place sous l’auvent. La nuit est fraîche, noire-bleutée. Face à lui, un étrange décor. Les trois coups retentissent, La Tombée des Glands commence. Sorti côté jardin, un assistant dépose sur un massicot colorisé un gigantesque phallus de chiffon couleur chocolat au scrotum rose pâle avec gland rouge. Côté cour, tout de blanc habillé, le bourreau entre en scène. Lentement, règle la machine. Interloqué, le public assiste au jeu troublant du bourreau activant les manivelles du terrible massicot dont le couperet comble la grosse bite d’une caresse irrévocable avant de l’émasculer. La densité de la forêt de chênes n’atténuera, ni son râle, ni les modulations du chœur des Oratoriennes. Jubilation du bourreau. À la façon d’une illusion, la scène se répète avec un minuscule phallus, et là ; sur un ton moqueur le chœur s’emballe. Le bourreau présente aux spectateurs les membres démantibulés au fond d’un panier puis les lance aux spectatrices complices de la farce. Ébahi ou amusé, le public applaudit chaleureusement. On se dirige vers la Fournial transformée pour l’occasion en galerie pour y découvrir les info-collages et iconophores d’A.M. Sous/Sur Biroute, Bernadette, éblouie, y retrace les excentricités de sa véritable nature, dans le tourbillon duquel elle entraîne tous ses saints-copains. Tous engouffrés par le théâtralisme d’une fantasmagorie mystico-pathético-cocasse. Suit La dégustation. C’est d’abord un calice que se passent de main en main les fidèles offrant le bourru de chasselas. Le pèlerinage parcourt le château Sainte-Marie, les 10 arpents de Frère Nonenque, Les bigotes, le Saint-Ambroise du Monastère de Solan pour atteindre la sainteté indéniable du Vin de Messe moelleux qui sacralise ce spectacle total. Un grand coup de mître !

Accueil tAlussinations ÇA S'EST PASSÉ À CLAVIÈRES,
LE 13 NOVEMBRE 2004.