« Vous n’avez pas honte d’exposer des cochonneries pareilles... » s’entend dire
Aline, à plus de quatre-vingts ans ! Interloquée, elle reprend sur le champ l’objet
scandaleux qu’elle avait créé pour ce salon du CHOCOLAT... Bouffonne, gloutonne,
toute gonflée, et dont le chocolat dégouline sur la patte, camoufle le groin,
salit la robe immaculée, Grande, curieuse, cette cochonne qui voyage de
porc en porc pour découvrir l’art culinaire est simplement assise sur une chaise.
Adorablement trouble, cette installation défie la mièvrerie de ce que l’on nous
conte. Et, en éclatant de rire, Aline sait qu’elle a encore joyeusement mordu
cette heure !
A ce souvenir s’entremêlent Égyptiennes, Portraits chiffons froissés et durcifiés,
Mères Ubu, Sculptures blanches et des Pictogrammes et des Transparents exposés à la
librairie-galerie La Marraine du Sel, repaire des futurs tAlussins.
En décembre 2002, la Fondation Renaud (Fort de Vaise, 27 boulevard Antoine de
Saint-Exupéry, 69009 Lyon), a reçu une donation de 66 œuvres d’Aline Gagnaire
; elles rejoignent celle que la Fondation avait acquise du vivant d’Aline. Celle-ci
avait fait sa première exposition à Lyon en 1973 à la galerie L’Œil écoute animée
par Janine Bressy dont le mérite, écrivait René Déroudille – l’un des meilleurs
critiques lyonnais de l’époque – avait été de révéler à Lyon « une artiste mystérieuse
et secrète, une créatrice ».